Jean Anouilh, Antigone
Résumé : Antigone est la fille d'Œdipe et de Jocaste, souverains de Thèbes. Après le suicide de Jocaste et l'exil d'Œdipe, les deux frères d'Antigone, Étéocle et Polynice se sont entretués pour le trône de Thèbes. Créon, frère de Jocaste et – à ce titre – nouveau roi, a décidé de n'offrir de sépulture qu'à Étéocle et non à Polynice, qualifié de voyou et de traître. Il avertit par un édit que quiconque osera enterrer le corps du renégat sera puni de mort. Personne n'ose braver l'interdit et le cadavre de Polynice est abandonné à la chaleur et aux charognards.
Seule Antigone refuse cette situation. Malgré l'interdiction de son oncle, elle se rend plusieurs fois auprès du corps de son frère et tente de le recouvrir avec de la terre. Ismène, sa sœur, informée de sa décision, refuse de la suivre, craignant sa propre mort.
L’an dernier, j’avais déjà lu la pièce antique de Sophocle, et je ne l’avais pas autant apprécié que celle qu’il avait fait sur Œdipe (Œdipe Roi). Dans Antigone, j’avais quelque peu déploré l’enjeu politique, certes important, mais qui n’était pas ce que je recherchais dans une lecture à ce moment là.
Ici dans la pièce d’Anouilh, je retrouve ce que j’avais sans doute manqué dans celle de Sophocle : de l’émotion.
Les personnages sont peints avec beaucoup plus de sentiment. La tragédie déclenche une pitié « plus moderne » chez le spectateur/lecteur. Ainsi, Antigone dont on observe aussi une image descriptive (maigre et peu féminine) se montre plus humaine et touchée par les événements. Elle agit aussi beaucoup plus égoïstement, bravant Créon dans une tentative de suicide (et je trouve que cet égoïsme ressort d’autant plus lorsqu’elle ne sait plus pourquoi elle meurt, qu’elle regrette Hémon (fils de Créon) et l’enfant qu’ils n’auront jamais).
Créon, lui, passe pour un vieille homme usé par les exigences de la vie. Il semble être trop bon pour être un véritable tyran, même s’il accomplit son devoir jusqu’au bout (chose qui le déshumanise, je trouve, sur la fin).
Les autres personnages autour d’Antigone sont des archétypes de la société : la mère/nurse inquiète, la sœur effrayée, les gardes qui représentent le commun des mortels.
On ressent la détresse de chacun, y compris du messager et du chœur. Ils ont tous un rôle décisif, qu’il soit juste lié au récit des faits ou à l’action en elle-même.
La fin est annoncée dès le début. Nous savons tout de suite qu’Hémon va mourir en compagnie de la femme qu’il aime. Mais cela n’empêche pas le spectateur d’espérer une autre fin, plus positive. Et cela, je ne l’avais jamais ressenti dans une tragédie. D’ordinaire, j’adhère à la fin de la pièce, or là, j’aurais voulu que le sort des personnages ne soient pas encore sûrs. Alors que pourtant, il est scellé depuis l’antiquité par Sophocle. Grâce à cela, on en vient à détester l’indifférence de Créon et celle des gardes aussi, qui continuent de jouer aux cartes comme si la vie était elle-même un jeu de hasard avec des rois, des reines et des valets…
Baby-Challenge Théâtre : 9ème/20.
(fiche Livraddict)